Sous les feux de l’actualité depuis l’éclatement de la Yougoslavie, la Serbie et ses habitants restent cependant largement méconnus du public, trop souvent abordés au travers des prismes déformants de la veille alliance franco-serbe ou du régime dictatorial de Slobodan Milosevic. Combien connaissent l’histoire de ce pays, ses origines, ses coutumes et ses croyances, les influences diverses dont témoignent l’art populaire et le folklore qui comptent parmi les plus riches, les plus colorés d’Europe ? Dans la mosaïque des peuples si différents qui formèrent l’ex-fédération yougoslave, la Serbie conserve, par sa Iangue, sa littérature et son rôle historique, une place prééminente.
C’est une période décisive, fondatrice de la Serbie moderne et de son identité, que nous présente Georges Castellan dans cet ouvrage. Il s’agit en effet du moment où éclatent les révoltes qui vont secouer le joug turc plus de trois fois centenaire au début du XIXe siècle. L’auteur analyse les causes et les conséquences des événements qui, de 1815 à 1839, marquèrent le réveil du sentiment national, il trace un tableau pittoresque des conditions d’existence dans les villes et les campagnes, et nous conte les efforts de Milos Obrenovic, paysan révolté devenu chef d’Etat, pour organiser son pays alors plongé dans l’anarchie.
Ces Serbes d’autrefois ouvrent au lecteur les portes d’un monde presque inconnu, un monde où continuent de s’affronter et de se confondre l’Orient et l’Occident, où se mêlent encore les influences de Byzance, de Rome et de l’Islam.